Plus de la moitié des indépendants quitteraient le marché du travail avant 65 ans.

Plus de la moitié des indépendants quitteraient le marché du travail avant 65 ans.

Plus de 55% des indépendants quitteraient le marché du travail avant 65 ans.

 

C’est ce qu’il ressort d’une enquête menée par Acerta sur base des données réelles de 20 000 travailleurs salariés et 8500 indépendants. Alors que le gouvernement tente d’inciter les travailleurs à allonger leur carrière, ceux-ci semblent quitter le marché du travail plus tôt que prévu. Parmi les travailleurs belges, selon Acerta, 41,17 % seraient “partis à la retraite” avant l’âge légal actuel de 65 ans, soit une augmentation de 9,85% par rapport à 2021. 

 

Comment expliquer une telle disparité ? Selon Acerta, “la réforme des pensions vise à allonger les carrières, mais les entreprises et les travailleurs doivent veiller à ce que ces carrières soient plus durables”.

 

Dans le cas des indépendants, ceux-ci “ne disposent pas des mêmes options que les travailleurs pour une “fin de carrière en douceur” avec complément de l’ONEM” explique Mieke Bruyninckx, expert juridique chez Acerta Caisse d’Assurance. En effet, là où les employés peuvent accéder à un un système de fin de carrière, (crédit-temps, chômage), les indépendants ne peuvent compter que sur leurs droits concernant la maladie, un droit passerelle, assurance continuée ou… rien du tout. “Certaines activités permettent théoriquement de rester actif de manière réduite”, poursuit Mieke Bruyninckx, “mais dans la pratique, c’est parfois compliqué : les clients ne sont pas toujours satisfaits d’un service réduit, il n’est pas toujours évident de planifier les achats en conséquence, il est aussi parfois plus intéressant de céder une entreprise qui fonctionne à 100 % qu’une entreprise au ralenti, etc. D’où le fait que de nombreux indépendants continuent à temps plein ou s’arrêtent complètement. Plus de la moitié d’entre eux choisissent alors de prendre leur pension avant l’âge de 65 ans.”

 

Olivier Marcq, expert juridique d’Acerta Consult, souligne que “la proportion de Belges qui profitent des possibilités de sortie anticipée du marché du travail continue d’augmenter fortement. En tant que société, nous devrons donc faire un effort supplémentaire pour maintenir l’attrait du travail, y compris pour les personnes de plus de 60 ans. Le bonus pension vise à atteindre cet objectif, grâce à une incitation financière. Mais il existe d’autres moyens de motiver les gens à travailler plus longtemps : proposer un emploi faisable et qui a du sens, par exemple. Les carrières durables, où il est évident que les rôles et les fonctions peuvent changer au fur et à mesure de la progression de la carrière, doivent devenir la norme dans les entreprises.

 

Néanmoins, restons prudents face à de tels chiffres, en particulier en ce qui concerne les concepts de sortie du marché du travail et de prise de pension, notamment pour les travailleurs salariés et les fonctionnaires. Philippe Defeyt, directeur de l’Institut pour un Développement Durable, soulignait déjà en août que “l’indicateur âge effectif moyen de sortie du marché du travail ne peut être confondu avec l’indicateur âge effectif moyen de prise de la pension ou de prise de la première pension de retraite ; or, on peut penser que le raccourci est vite pris et l’est souvent”. 

 

Selon lui, “l’âge effectif moyen de prise de la pension est aujourd’hui proche de 64 ans, pour les hommes comme pour les femmes ; le problème est donc moins dans l’âge de prise de la pension, qui n’est tout compte fait pas si éloigné que cela de la norme légale, que dans l’inactivité (au sens économique du terme) qui précède la prise de pension pour beaucoup de personnes de 60-64 ans”. Que représente cette période d’inactivité, tant pour les personnes concernées que pour l’Etat ? Quelles sont ses conséquences, en termes de recettes fiscales, d’impacts sur les pensions, et de situations socio-économiques ?

 

Et Defeyt conclut, en ajoutant que dans toute analyse sur le vieillissement, il faut “tenir compte du nombre croissant de pensionné.es qui ont un emploi : rien que les pensionnés de moins de 65 ans qui travaillent représentent environ 50.000 emplois, soit 1% de l’emploi total. Au total, il y a environ 185.000 pensionné.es qui ont un emploi.