12 Déc Réforme des retraites en France
Branle-bas de combat chez nos voisins Français au sujet des retraites. La révolte couvait et menace d’exploser. Les sujets de « discorde » sont nombreux. Le premier concerne la volonté du gouvernement de mettre en place un système de pension à points pour tous les travailleurs, qu’ils soient du privé ou du public, et fusionner ainsi à terme 42 régimes en un seul ! Dans un système à points, chaque euro cotisé donnera droit à un même montant de pension. Plus on cotise, plus on accumule de points. Pour 10 € euros cotisés, on obtiendra un point. Au moment de prendre la retraite, les points seront convertis en euros. La valeur du point ne pourra pas diminuer et sera indexée sur l’évolution des salaires.
Le changement est fondamental. En effet, actuellement la retraite d’un salarié est calculée sur 50% du salaire des 25 meilleures années. Pour un fonctionnaire, c’est 75% sur les 6 derniers mois. La nouvelle mouture prévoit une retraite calculée sur l’ensemble de la carrière pour tout le monde.
Afin de mieux faire digérer la pilule, de longues périodes de transition sont prévues. De fait, la réforme se mettra en place en 2025 pour les personnes qui auront 50 ans. Autrement dit, les personnes nées avant 1975 ne sont pas concernées. Les personnes nées à partir de 1975 basculeront dans le nouveau système en 2025. Cependant, elles conserveront leurs droits déjà constitués dans l’ancien régime. Pour certains régimes spéciaux, le réforme ne s’appliquera que pour les personnes nées à partir de 1985. Par contre, pour tous les nouveaux entrants sur le marché du travail à partir du 1er janvier 2022, le système à points s’appliquera automatiquement.
Le second point de mécontentement concerne l’âge de la pension. Officiellement, la réforme n’y touche pas. Celui-ci reste fixé à 62 ans. Néanmoins, dans la pratique, un âge d’équilibre de 64 ans sera introduit d’une manière progressive entre 2022 et 2027. Cette mesure vise très clairement à pousser les gens à travailler jusqu’à 64 ans au minimum dans la mesure où un malus sera accordé en cas de départ avant 64 ans et un bonus si l’on continue à travailler au-delà de cet âge. Le gouvernement français justifie cette mesure dans une perspective d’équilibre des régimes dans le temps. Cet âge pivot provoque la colère des organisations syndicales qui paralysent la France par des grèves et manifestations depuis plus d’une semaine. Le mouvement n’est sans doute pas près de s’éteindre.
Les textes de loi devraient être présentés d’ici la fin du mois de janvier et discutés au parlement en février-mars. Il existe encore probablement une marge de manœuvre sur certains points notamment sur les compensations à accorder aux travailleurs qui verront leur pension diminuer dans le futur. On pense ici par exemple aux enseignants. Des compensations financières devraient leur être octroyées par le biais d’une augmentation de traitement.
La réforme introduit aussi une pension minimale à 1000 € pour une carrière complète (43 ans). Cette mesure concerne essentiellement des agriculteurs, des commerçants et artisans dont les revenus de pension sont souvent très bas. S’il s’agit ici d’un véritable progrès, il faut reconnaître que 1000 € pour une carrière complète cela ne fait pas vraiment rêver. En Belgique, un salarié ou un indépendant pourra prétendre à une pension de 1266 € (pour 45 ans de carrière).
Au vu du climat social régnant en France, il faut encore attendre pour savoir si ces réformes seront mises en œuvre telles qu’elles sont présentées aujourd’hui. Affaire à suivre donc.