03 Sep Une réforme des pensions ?
La ministre des pensions, Madame Karine Lalieux, a annoncé dans divers médias ce matin les contours de sa « réforme » des pensions.
Peut-on vraiment parler d’une réforme de grande ampleur ? A première vue non, et par ailleurs, il semble bien que cette réforme n’a pas été discutée au sein du gouvernement.
Nous manquons encore de précisions pour le moment.
Quels sont les grands axes ? Et quel est notre point de vue ?
Une pension anticipée après 42 années de carrière si vous avez 60 ans.
Il s’agit d’un assouplissement par rapport au système actuel qui exige une carrière de 44 années pour partir à 60 ans. Si vous avez travaillé dès l’âge de 18 ans, vous pourrez partir à 60 ans. Si vous avez étudié pendant 4 années, il vous faudra attendre 64 ans pour votre retraite.
Cet assouplissement n’est pas négligeable et permettra probablement aux personnes les plus épuisées par un métier pénible de partir plus tôt.
Il s’agit cependant d’une mesure passéiste qui concernera dans le futur peu de gens. En effet, combien de jeunes aujourd’hui commencent leur carrière à 18 ans ?
Une pension à temps partiel après 60 ans et 42 années de carrière.
La pension à temps partiel n’est pas une idée nouvelle. Aujourd’hui, on peut partir à la pension uniquement à temps plein. Ici, la ministre envisage une pension à mi-temps ou à 4/5ième. Ce système ne manque pas d’intérêt pour le travailleur mais il va rentrer en compétition avec les systèmes de crédit-temps fin de carrière. D’autant plus, que l’on prévoit l’octroi d’un bonus pension pour les jours prestés après 42 années de carrière (voir point suivant).
Il est fort probable que l’on n’optera plus pour un système de crédit temps fin de carrière dans l’hypothèse où l’on a 42 années de carrière. Pour rappel, un crédit-temps fin de carrière ( avec allocation de l’ONEM) peut être obtenu dès 60 ans avec un passé professionnel de 25 années. Dans ce cas, l’ensemble de la période non prestée est assimilée pour le calcul de la pension mais parfois sur base d’un droit minimum.
Un bonus pension
Un bonus de pension de 2 € pour chaque jour presté après 42 années de carrière. Ceci correspond à une augmentation de pension d’environ 50 € bruts par mois pour une année prestée après une carrière de 42 ans. Si vous le faites pendant 3 ans, cela représentera une augmentation de pension de 150 € !
C’est un système forfaitaire. Que votre salaire soit de 2000 € ou 6000 € bruts par mois, votre bonus sera identique. L’impact sera donc proportionnellement beaucoup plus important pour les pensions les plus basses.
Un système, plus ou moins équivalent, a existé dans le passé mais il a été supprimé en raison d’un coût trop élevé et de sa faible incidence sur le taux d’emploi des plus âgés.
En conclusion, ces 3 mesures vont-elles permettre de rendre viable notre système de pension ? Travaillera-t-on plus longtemps et dans de meilleures conditions ? On peut sérieusement en douter. Par contre, cela aura un impact budgétaire non négligeable.
Une pension à 1500 € nets.
Voici une dernière mesure qui semble se confirmer. En 2024, tout le monde aura droit à une pension minimale de 1500 € nets … à condition d’avoir 45 années de carrière.
Tout le débat actuel se focalise sur les conditions pour obtenir un calcul de la pension sur base d’un minimum. Les conditions actuelles sont extrêmement complexes. Pour faire simple et sans être complet, il faut avoir un minimum 30 années de carrière. Pour chaque année, il faut 208 jours (prestés ou assimilés, soit 2/3 d’une année). Si vous avez 30 années, définies comme cela, vous obtenez une pension équivalente à 30/45ièmes de la pension minimale.
La Ministre propose une condition de 10 années avec 104 jours pour octroyer un droit à la pension minimale. Cependant, elle sera toujours calculée au prorata de la carrière. Nous sommes ici dans une incompréhension totale. Cette condition, qui au fond n’en n’est plus une, doit être refusée. En effet, quasiment tout le monde aura droit à un calcul sur base de la pension minimale. Ce qui ne veut pas dire que tout le monde aura 1500 € évidement. Mais avec cette condition, le champ d’application de la pension minimale sera considérablement élargi et sera sans doute impayable.
Faut-il encore tenir compte des périodes assimilées pour déterminer l’octroi d’une pension minimale et si oui dans quelles proportions ? Cette question mérite un débat et devrait être analysée d’une façon objective et sans idéologie. Quelle est la sociologie des personnes bénéficiant actuellement d’une pension minimale ? Pourquoi sont -elles dans cette situation. D’autres personnes devraient-elles y avoir accès ?
Doit-on octroyer la pension minimale à condition d’avoir 20 années de travail effectif ? Ce qui ne semble pas déraisonnable à première vue. Doit-on laisser les conditions, telles que nous les connaissons aujourd’hui et simplement monter la pension minimale à 1500 €? Doit-on mettre autant de moyens financiers sur ce point ?
Quid de la pension des fonctionnaires et de l’harmonisation des systèmes de pension ?