Il y a peu, Sciensano dévoilait son rapport sur l’état du système de santé belge. Si de nombreux points forts et d’évolutions positives sont à relever, certains problèmes graves subsistent : obstacles financiers et administratifs empêchant une meilleure couverture de la population, contributions personnelles élevées, disparités dans la répartition du personnel de santé, augmentation des délais d’attente, …

Notre système de santé permet de couvrir les besoins de 99,1% de la population. Tout d’abord, la qualité de nos soins est dans la moyenne haute de l’Union européenne. Ensuite, le rôle accru du médecin généraliste en tant que référent de soins permet une meilleure continuité des soins, et les patients rapportent une amélioration de la qualité ressentie des soins ambulatoires.

Les personnes atteintes de diabète rapportent un niveau de soin décevants, voire “particulièrement médiocres pour les personnes traitées au moyen d’antidiabétiques autres que l’insuline”. La continuité et la coordination des soins via des modèles de soins laissent également à désirer dans ce groupe de patients.

Le recours aux antibiotiques reste élevé par rapport aux moyennes de l’UE, et le choix des antibiotiques prescrits en première intention n’est toujours pas conforme aux recommandations. Nous rappelons que l’utilisation trop fréquente d’antibiotiques conduit à un prolifération de bactéries résistantes aux antibiotiques, détruisant la flore intestinale, et menant à des troubles du système digestif, des diarrhées, des nausées, des rougeurs sur la peau, voire un dysfonctionnement des reins

En outre, “la moitié des professionnels de la santé actifs dans les hôpitaux estiment que les effectifs sont insuffisants pour assurer les meilleurs soins aux patients”, notent les chercheurs dans la section 14 de leur rapport.

On y relève, de plus, un manque de données important sur les groupes de population non couverts par l’assurance maladie obligatoire : sans-papiers, sans-abris, et autres groupes vulnérables …

Des contributions personnelles trop élevées ?

Notons également que le système de santé belge affiche “des contributions personnelles relativement élevées”. La part des contributions personnelles dans les dépenses de santé courantes est particulièrement élevée pour les soins dentaires, les dispositifs médicaux et les soins et médicaments ambulatoires, et supérieure aux moyennes de l’UE pour les soins dentaires, les soins ambulatoires et les soins hospitaliers classiques. 

La couverture des médecins conventionnés semble faible. Moins de la moitié des consultations ambulatoires des médecins spécialistes, et environ 1 contact sur 4 avec un dentiste ont été assurés par un praticien conventionné, avec des variations importantes selon la spécialité. 

Enfin, près de la moitié de la population a été confrontée à des délais d’attente importants pour obtenir un rendez-vous chez un MG (≥ 1 jour) ou un médecin spécialiste (≥ 2 semaines).

Notons également es besoins en soins médicaux/dentaires non satisfaits pour des raisons financières et les contributions personnelles catastrophiques sont particulièrement préoccupants pour certaines catégories de la population. En effet, il s’agit de l’un des soins auxquels les groupes vulnérables renoncent le plus rapidement, comme le souligne Solidaris dans son rapport pour la Belgique francophone.

Les personnes âgées reportent plus leurs soins qu'avant, selon Solidaris

En effet, de plus en plus de personnes âgées reportent leurs soins de santé pour des raisons financières en Belgique francophone. L'an dernier, 4 retraités francophones sur 10 ont reporté au moins un soin important, selon la dernière enquête de Solidaris.

Chaque année depuis 2015, la mutuelle socialiste interroge plus de 1000 personnes sur le sujet. Les résultats sont sans appel : les seniors renoncent aux soins de santé beaucoup plus que par le passé. "Historiquement épargnés par le renoncement (15 % en 2015), les seniors rattrapent et parfois dépassent les plus jeunes", indique Solidaris.

Les soins dentaires (25 %) arrivent en tête des sacrifices. En revanche, les francophones semblent avoir du mal à se passer des conseils de leur médecin de famille (12% de refus).

Le groupe social le plus précaire reste le plus touché par ce phénomène (62%). C'est notamment le cas des opticiens (35%), des médicaments (35%), des dentistes (33%) et des spécialistes (31%).

Près de 50 % des femmes disent avoir dû se passer d'au moins un traitement pour des raisons financières, contre 38 % des hommes. L'écart est le plus important pour les soins de santé mentale (9 points).

Solidaris demande la suppression de tous les obstacles financiers aux soins primaires. Il demande le remboursement intégral des soins de santé bucco-dentaire de base. Les personnes en marge de la société doivent pouvoir bénéficier de conditions plus favorables.

La mutualité recommande ainsi de majorer de 10% les plafonds de revenus pour obtenir le statut de bénéficiaire d'une intervention majorée (BIM) et d'élargir, pour ce public BIM, l'interdiction des suppléments d'honoraires aux soins hospitaliers.

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