C’est peu avant les premières lueurs du 21 juillet qu’un accord a été conclu entre les partenaires du gouvernement De Wever. Il entérine la réforme des pensions annoncée dans l’accord gouvernemental. Cette réforme, motivée par des préoccupations quant à la viabilité financière du système actuel, introduit plusieurs mesures clés destinées à encourager des carrières plus longues, et à harmoniser les statuts entre les travailleurs.

Nouveau système de bonus-malus pour les retraites

À partir de 2026, un nouveau mécanisme sera mis en place pour encourager les travailleurs à partir à la retraite plus tard ou les pénaliser s'ils partent plus tôt.

Les conditions importantes à retenir

Pour bénéficier du bonus ou pour échapper au malus, vous devez avoir :

  • 35 années de carrière minimum
  • 156 jours de travail effectif par an
  • 7 020 jours de travail au total

Le bonus : travailler après l'âge légal de la retraite

Si vous remplissez les conditions ci-dessus ET que vous continuez à travailler après l'âge légal de la retraite, votre pension sera augmentée pour chaque année supplémentaire travaillée :

  • Nés en 1962 ou avant : +2% par année
  • Nés entre 1963 et 1972 : +4% par année  
  • Nés après le 31 décembre 1972 : +5% par année

Le malus : partir avant l'âge légal

Si vous partez à la retraite avant l'âge légal, votre pension sera réduite, SAUF si vous remplissez une de ces conditions :

Qui échappe au malus ?

  • Les personnes qui ont travaillé au moins 35 ans avec les conditions mentionnées ci-dessus
  • Les personnes nées en 1960 et avant : aucune pénalité

Les pénalités par année d'anticipation :

Si vous ne remplissez pas les conditions pour échapper au malus :

  • Nés entre 1961 et 1965 : -2% par année anticipée
  • Nés entre 1966 et 1974 : -4% par année anticipée
  • Nés après 1975 : -5% par année anticipée

Cas particulier : les périodes de maladie

Le gouvernement a décidé que les périodes de maladie de longue durée seront toujours assimilées à du travail effectif.

Concrètement, voici comment la maladie est prise en compte :

✅ La maladie compte ENTIÈREMENT pour :

  • Déterminer votre date de départ à la pension la plus proche
  • La condition des 5 000 jours travaillés nécessaire pour la pension minimum garantie (nouveauté par rapport à la réforme précédente)

❌ La maladie ne compte PAS pour :

  • Le départ anticipé à 60 ans après 42 ans de carrière avec 234 jours travaillés par an (seul le chômage temporaire compte comme travail effectif)
  • Les conditions du malus/bonus (35 années à 156 jours + 7 020 jours au total)

⚖️ Mesure d'atténuation

Le gouvernement prévoit cependant d'atténuer l'impact du malus pour les personnes ayant connu de longues périodes de maladie.

Ce qui compte comme "travail effectif" pour le malus/bonus :

  • Les congés pour soins
  • Les congés de maternité  
  • Le service militaire
  • Le chômage temporaire(notamment pendant le COVID-19) sera comptabilisé dans la carrière.

Les détails précis de ces mesures seront définis après l'été lors de la deuxième lecture du texte par le gouvernement.

Périodes assimilées : vers une diminution de la prise en compte

Les périodes de prépension, de chômage de longue durée et de fins de carrière ne seront désormais que partiellement prises en compte dans le calcul des pensions des salariés et des indépendants, à partir d'un certain seuil. À partir de 2027, les périodes assimilées qui représentent plus de 40 % de la carrière ne seront plus comptabilisées pour ceux nés entre 1961 et 1964. Par la suite, ce seuil diminuera de 5 % par an, pour atteindre 20 % en 2031 pour les générations nées entre 1965 et 1968, et les suivantes. Ce niveau est déjà en vigueur pour les fonctionnaires.

Harmonisation des statuts et réforme des pensions des fonctionnaires

L'accord prévoit une harmonisation progressive des statuts entre les travailleurs du secteur public et privé. Pour les fonctionnaires, le calcul de la pension sera progressivement basé sur l'ensemble de la carrière de 45 ans, au lieu des 10 dernières années actuellement prises en compte. Cette transition débutera en 2027 et s'étalera jusqu'en 2062. De plus, la péréquation des pensions des fonctionnaires sera limitée à 0,3 % maximum à partir de 2026. 

Indexation différée des pensions

L'accord introduit un décalage dans l'indexation des pensions et des prestations sociales. Désormais, l'indexation interviendra trois mois après le dépassement de l'indice-pivot, au lieu du mois suivant comme c'était le cas auparavant. Cette mesure vise à réaliser des économies budgétaires tout en maintenant le mécanisme d'indexation. (vrt.be)

Réactions et perspectives

Début juin, le groupe NN actif dans le secteur bancaire avait publié les résultats de son enquête sur les réformes annoncées. Seuls 21 % des Belges jugent le paquet de réformes équilibré, tandis que 44 % estiment que les mesures vont trop loin. Par ailleurs, 42 % des personnes interrogées craignent de percevoir une pension moins élevée à l'avenir. (fr.businessam.be)